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Par 5 à 7 philo Royan le 20 Février 2016 à 17:30
5 à 7 Philo du dimanche 31 janvier 2016 : 20 participants
Le doute est-il force ou faiblesse?
Introduction par Anne
Analyse des termes du sujet
Le doute :
Larousse : État de quelqu’un qui ne sait que croire, qui hésite à prendre parti. Manque de certitude, soupçon, méfiance. En Philo : position qui consiste à refuser quelque chose parmi des données jugées incertaines, par exemple celles fournies par les sens, et à refuser tout système philosophique. Le doute méthodique de Descartes est un moyen pour vérifier et éprouver toutes ses connaissances.
Antonymes de doute :
Larousse : certitude, confiance, foi. Reverso : assurance, résolution, évidence
La force :
Vigueur physique ; moyen violent utilisé pour obtenir un résultat ; énergie morale ; savoir, habileté ; poids, assurance, vigueur d’un argument ; pouvoir, puissance, ascendant de quelqu’un ou d’un groupe.
La faiblesse :
Manque de vigueur physique, perte subite des forces ; manque de solidité, de résistance, fragilité ; manque de puissance, de ressources ; manque de vigueur, d’énergie ; incapacité à résister aux passions, aux tentations ; manque de capacité intellectuelle : elle se définit en forme de manque.
Force et faiblesse étant antonymes.
Présentation
« Incertitude, ô mes délices
Vous et moi nous nous en allons
Comme s’en vont les écrevisses,
À reculons, à reculons. » Apollinaire
On peut mettre en regard le doute de Descartes qui lui permet de creuser ses connaissances au plus loin, et si possible à leur racine, et le doute d’Arjuna, héros de la mythologie indienne, qui l’empêche d’agir, et d’accomplir son destin, à rapprocher de celui d’ Hamlet, si perturbé par le doute qu’il n’est plus capable de réfléchir, de prendre une décision, et donc d’agir. A l’opposé du comportement de Don Quichotte, qu’aucun doute n’effleure.
Pour Descartes dans les Principes de la philosophie : Douter, c’est remettre en cause ce que nous tenions pour vrai ou pour faux. C’est donc remettre en cause les idées, même celles que nous croyons nôtres alors qu’elles nous ont été inculquées par notre éducation.
Ce n’est pas le doute sceptique, qui paralyse, parce que c’est un doute global qui porte sur la totalité, un doute figé, stérile, un dogme.
Dans la démarche de la pensée, dans son détail, le doute est bien la condition de l’exercice de la réflexion. C’est le refus de croire aveuglément.
Le doute a à voir avec les certitudes, mais aussi avec la confiance, en soi, en les autres.
Alors : Le doute une force pour la réflexion, une faiblesse dans l’action ?
Dans le Discours de Méthode, Descartes opère une séparation entre d’un côté la vie pratique, domaine de l’action, et de l’autre la science, domaine de la vérité.
Dans la vie pratique, la résolution doit être le maitre-mot. Descartes donne l’exemple de l’homme perdu dans une forêt: si il ne se résout pas à marcher droit, mais au contraire hésite et revient sans cesse sur ses pas, il a peu de chances de trouver son chemin. La vie pratique se contente du vraisemblable, du probable, un ersatz de vérité. Il faut agir, sous peine de paralysie. La philosophie morale de Descartes se satisfait de l’approximatif, l’important est l’action, peu importe la méthode.
Débat
… (Début non enregistré)…
Arielle : … il y a là le doute nihiliste, mais le bon doute serait d’analyser une situation pour arriver à choisir, tout en sachant qu’on ne fait pas forcément le bon choix. Mais au moins on ose faire un choix. Comme tu l’as dit, si, au début, « doute » s’oppose à « certitude », on a quand on doute la certitude de douter. Je trouve que ces notions ne sont pas forcément très opposées. Quand on doute on se pose des questions.
Monsieur X : On se pose des questions, oui, mais faut-il encore qu’on soit en mesure de se les poser. Monsieur, là bas, parlait des pays de l’est. Je suis allé dans les pays de l’Est ; c’est vrai que les gens doutaient mais ils ne l’exprimaient pas. Vous pouvez mettre en cause une situation dans la mesure où vous avez une autre expérience. C'est-à-dire : tous les systèmes totalitaires, ou religieux, quel qu’ils soient, à un moment donné ferment et cloisonnent la connaissance. Je vous rappelle que dans la Bible le terme « réalité » c’est la connaissance. Que fait-on ? Soit on ferme pour empêcher les gens de douter et qu’ils aient des certitudes ; soit on ouvre et on se met soi-même en cause en remettant en cause l’établissement.
Jacques : J’ai l’impression qu’on est partis sur la politique. Je pense que le doute est d’abord une faiblesse, en se sens qu’il est le produit de l’ignorance, le produit de l’oubli : on me pose la question « tu te souviens il y a 30 ans… ? » Je doute, je suis en état de faiblesse parce que je ne m’en souviens plus. Alors, effectivement, quand on est dans un état de faiblesse, qu’on ne se souvient plus, qu’on manque de connaissance, on va avoir peur, on va être paralysé, la peur est un état de faiblesse.
Anne : On s’écarte un petit peu, la peur c’est quand même autre chose.
Pierre : Pour moi, le doute est quelque chose qui est fondateur. C’est fondateur d’une énergie de vie, dans la mesure où il n’y a pas de meilleur combat contre les absolus. L’Histoire montre que lorsqu’on s’enferme dans un absolu, les autres sont en danger. Le doute, je l’installerais dans la conscience, il permet des mouvements de pensées, de réflexions, qui sont très productifs. Le doute est, en quelque sorte, une garantie pour L’Être de demeurer vivant, au sens où je ne sais jamais, je ne renonce jamais à ce mouvement au détriment d’être figé quelque part.
Après il y a un autre niveau, c’est le niveau de l’expérience et de l’action qui, certes, à un moment donné, pose la question du choix. On ne peut pas rester dans une immobilité telle qu’on n’est jamais en mesure de choisir ce qu’il faut faire.
Je trouve que ce sujet sur le doute est extrêmement important.
Anne : Pour reprendre à ce qui a été dit, il me semble qu’on peut examiner le doute dans la réflexion, et le doute dans l’action. Le doute dans la réflexion c’est le doute des philosophes et de tout un chacun qui est en capacité de pouvoir réfléchir et remettre les choses dans la balance. Le doute dans l’action c’est autre chose.
Jacques : Effectivement le doute dans l’action c’est quand on est sur le trottoir et qu’on doit choisir entre un passage clouté qui est à 10m qui nous permet de traverser en sécurité où se faufiler entre les voitures qui passent devant nous. Le doute philosophique c’est le doute se référent à la philosophie, la culture, la morale, la politique.
Arielle : Oui, mais il y a des doutes dans l’action plus importants que celui que tu viens de citer. Il y a les choix de vie.
Jacques : Je suis d’accord avec toi. Les gens qui étaient au Bataclan, je n’aurai pas aimé être à leur place parce que confronté à un doute : est-ce que je dois sortir vite fait de la fosse pour éviter d’être abattu ou est-ce que je dois continuer à faire le mort.
Anne : C’est un exemple un peu extrême car il y a des cas un peu particuliers où on ne se trouve même pas en capacité de penser.
Véronique : J’ai remarqué un petit mot que Pierre a dit pendant que Jacques parlait: Tu as dit « ce n’est pas du doute c’est de l’indécision ». Je pense que peut-être la grande question est là. Vivre sans doute est c’est extrêmement dangereux, ça mène au totalitarisme, à l’absence totale de remise en question, à l’absence de progression, à un état figé. En même temps une vie qui serait trop pleine de doutes, mène aussi à cet état d’immobilisme. Je ne sais pas comment Pierre verbalise la différence entre le doute et l’indécision. Peut-être que l’indécision c’est cette forme de doute à qui on peut attribuer la qualification de faiblesse, parce qu’on sens que celle là aussi est paralysante comme l’excès de doute l’est.
Nadine : L’indécision est la conséquence du doute.
Marie : Je pense que pour dire si le doute est une force ou une faiblesse, il faut lui associer le temps, c’est le temps de l’indécision. On doute quand on a une décision à prendre dans l’immédiateté. Là on se sent faible pas compétitif. Si on a une décision à prendre à long terme ça nous permet l’indécision le temps de décortiquer le sujet pour arriver à prendre la décision. Pour moi le doute est faiblesse si c’est immédiat et il est une force à long terme.
Steve : Il y a des doutes qui me permettent de me remettre en question et qui me rendent fort ; dans le sens où partager un doute avec certaines personnes me permets de modifier ou confirmer mes convictions. Le doute est une faiblesse qui me renforce.
Claudie : Je rejoins un certain nombre de choses qui ont été dites. J’irais jusqu’à dire que le doute est le propre de l’être humain. Ce doute est positif tant qu’il est interrogation, remise en cause de tout ce qu’on peut penser. C’est une attitude fondamentale mais qui, par rapport à notre société peut être paralysante et nous causer bien des problèmes ; c’est tellement plus facile de foncer tête baissée en se disant on verra bien en arrivant. On a dit que le doute peut prendre tellement de place qu’il en devient paralysant, nous empêchant d’agir. Mais s’il est important de se poser toutes les questions avant d’agir, d’évaluer toutes les conséquences, à un moment donné il faut bien, comme on dit, trancher, sinon on ne fait rien. Il faut prendre la décision mais sans oublier toutes nos interrogations qui ont précédé. C’est là que l’exercice est difficile : il faut arriver à tenir une position suffisamment ferme pour qu’elle puisse être respectée par les autres, sans pour autant devenir dogmatique et en restant capable de remettre cette décision en question si nécessaire.
Anne : J’ai justement trouvé un commentaire du « Discours de la méthode » de Descartes.
Il opère une séparation entre d’un côté la vie pratique, domaine de l’action, et de l’autre la science, domaine de la vérité. Une vérité qui est remise en question. Dans la vie pratique, il dit que la résolution doit être le maitre-mot. Il donne l’exemple de l’homme perdu dans une forêt: " si il ne se résout pas à marcher droit, mais au contraire hésite et revient sans cesse sur ses pas, il a peu de chances de trouver son chemin. La vie pratique se contente du vraisemblable, du probable, un ersatz de vérité. Il faut agir, sous peine de paralysie. La philosophie morale de Descartes se satisfait de l’approximatif, l’important est l’action, peu importe la méthode."
Jacques : Je suis d’accord avec ce que vous disiez : c’est que le doute est une force à partir du moment il est suivit d’une réflexion mais à condition qu’elle soit rationnelle. Quand Steve qui doute a un débat avec ses collègues, débat qui va le faire avancer, il n’est pas certain que la décision finale soit la plus rationnelle possible.
Steve : Je parle à très peu de monde de ce que je vis et dans quel but je le vis. En revanche, ce peu de personnes auxquelles je parle des problèmes que je rencontre me font avancer. Je sais que je peu faire confiance à ces personnes là parce que ce sont des amis et qu’elles répondent avec leur cœur. Le doute n’intervient que lorsque ces personnes l’émettent.
Arielle : Il y a une autre question qui se pose là, c’est comment se déclenche le doute ?
Steve : Quand je parle à ces amis, je n’ai pas de doute ; si elles en ont, ça me fait réfléchir et me renforce.
Anne : C’est peut-être la relation que j’évoquais tout à l’heure entre le doute et la confiance. Quand on fait confiance à quelqu’un il n’y a pas de doute. Par contre ce que la personne, en qui on a confiance, peut dire quelque chose qui amène à douter, mais ce doute on l’accueille parce qu’on est en confiance.
Véronique : Il y a un lien entre ce que dit Steve et ce que dit Descartes dans le commentaire que tu as lu. Dans la vie pratique ce qui est important c’est la résolution. Et pourtant, la phase de doute, d’échanges, de réflexions, de remise en question, est importante pour que la résolution pratique la meilleure possible. Si la résolution est importante dans la vie pratique, la phase de réflexion l’est tout autant et ne peut être que s’il y a eu doute au départ.
Anne : J’imagine que celui qui est perdu dans la forêt tourne en rond parce qu’il ne réfléchit pas ou mal.
Pierre : Du commentaire de Descartes, ce que j’ai retenu c’est l’approximation. Dés le moment où on place le doute comme quelque chose proche de l’essence de L’Être, on rentre dans un processus qui n’est pas sans conséquence, et la conséquence c’est l’approximation. Et comme disait si bien Descartes c’est que l’approximation n’empêche pas d’agir. Malgré qu’on ne soit pas assuré de trouver son chemin, on part dans une direction et on la suit. Pour moi doute et approximation sont deus termes qui sont reliés.
D’autre on parlait de certitude et d’incertitude, je dirais qu’être dans l’incertitude c’est déjà être dans l’action, on a commencé un chemin.
Françoise : Je voudrais revenir sur ce que disait Claudie tout à l’heure sur le choix, les décisions que nous avons à prendre. En effet, quand on a une décision à prendre, on réfléchit et, là on a le doute. Ce qui peut intervenir dans le choix c’est peut-être une émotion, c’est peut-être la peur, la peur du choix. Si je fais ce choix là, que va-t-il se passer ? Est-ce que je vais me tromper ? Cette peur de se tromper, de faire le mauvais choix, est très importante.
Et, pour revenir sur ce qu’a dit Steve, qui parlait plus des relations avec les autres, de ce qu’ils pouvaient nous apporter, quand on n’était pas du même avis. Je trouve ça très important parce que il semble qu’il y ait, à ce moment là, une grande ouverture. On peut avoir d’autres horizons, d’autres façons de penser, et, peut-être, d’autres façons d’agir. Ça permet aussi d’aller plus vers les autres.
Michel : Dans certaines religions, ou systèmes politiques, le doute c’est l’hérésie. C'est-à-dire que dés l’instant ou dans une religion ou un parti politique, vous commencez à douter du dogme, vous êtes automatiquement considéré comme hérétique. Le fait de douter est quelque chose qui, éventuellement, peut être dangereux pour la personne qui amène ces doutes.
Anne : En ce qui concerne le doute dans l’action, les citations que j’ai trouvées sont presque uniquement de politiques ou d’hommes d’actions. Commençons par Napoléon (Maximes et pensées) : « Le doute est l'ennemi des grandes entreprises. ».
Et puis, il y a Marie d'Agoult (Esquisses morales) « Quand un esprit vigoureux est assailli par le doute, il le saisit, le terrasse, le charge sur ses épaules, et continue de marcher en le portant avec lui. » Ensuite, Alphonse Esquiros, un romancier et politique (De la vie future au point de vue socialiste) : « Le doute est comme une fumée qui laisse du terne sur les plus belles dorures. »
Quand au doute dans la réflexion, là, chez les philosophes on en trouve en quantité.
Jacques : Je voudrais dire à Michel qui parlait du monde politique, que dans une entreprise aussi, poser des questions à son chef c’est déjà désobéir. Il ne faut pas douter.
Steve : Émettre des solutions aussi. Émettre une proposition à un chef c’est le remettre en doute aussi. Ça ne veut pas dire qu’on le prend de haut, ça veut simplement dire qu’on le remet en question. Veut-il accepter la proposition et y convenir ? Est-ce que proposer une solution à quelqu’un veut dire remettre en cause sa suprématie en tant que patron.
Jacques : Ce que je voulais dire c’est que c’est plus facile d’émettre un doute dans un café philo que devant son patron.
Anne : Oui, mais ce que dit Steve, c’est que, lui, il réfléchit et trouve des solutions plus intéressantes que ce qu’on lui demande de faire. Alors, est-ce que son patron est capable de douter de lui-même et de l’accepter.
Jacques : On s’éloigne du sujet là. Si, effectivement, on émet un doute par rapport à son patron, c’est que le doute est plutôt une faiblesse parce qu’on risque de se faire virer.
Steve : Je ne suis pas certain qu’on s’éloigne du sujet, parce que finalement on est dans le doute et la confiance. Quand on émet un doute à son supérieur, c’est que, quelque part, on est dans la même stratosphère.
Claudie : Je pense à quelque chose de l’ordre de ce que vous venez de dire, mais plutôt au niveau d’un système, d’une religion, d’un système totalitarisme, mais cela peut être aussi dans des situations de la vie courante. Quand on a été élevé dans une idéologie qu’on ne devait vraiment pas remettre en cause, je pense à la foi catholique, quand on enseigne à un enfant, aux tous petits, que c’est vraiment la vérité et qu’ils croient ce qu’on leur dit et qu’ils ne sont pas en mesure de le remettre en question, qu’est-ce qui fait qu’à un moment donné le doute va pouvoir s’introduire dans l’esprit de l’être humain ? Il y a là une grande souffrance de se dire que tout ce en quoi j’ai cru jusqu’à présent, et parfois fermement, de tout mon cœur, que finalement ce n’est peut-être pas ça.
Reine : Je réagis parce que, à l’adolescence, j’ai eu un moment de doute où j’étais vraiment comme dans un fond, je doutais même de la réalité des choses et de moi-même, c’était un doute extrêmement profond. Ça m’a permit de réagir et de m’ouvrir à autre chose que ce que je vivais puisque j’avais un doute que ce soit réel. J’étais dans mon petit coin et je suis allée voir ailleurs. C’est quelque chose qui m’a soudain ouvert vers d’autres choses, ça m’a donné une force. Ce doute qui, de temps en temps me reprenait et me faisait plonger, devenait une très grande faiblesse, mais à chaque fois j’en remontais. Ça m’a donné un esprit rebelle dans le sens positif, un esprit de recherche, la force de prendre des risques, d’oser.
Marisa Line : Le doute à l’adolescence c’est certainement nécessaire à la construction de l’identité. C’est parce qu’on remet en question des croyances qu’on nous a inculquées qu’on peut accéder à soi.
Je me disais que le doute est force s’il est un questionnement qui nous mène à l’action ; le doute est faiblesse si ce questionnement n’est que rumination stérile.
Pierre : C’est sûr que la question de l’éducation se pose, et en particulier de la capacité qu’on a à laisser ouvert quelque chose, c'est-à-dire d’abandonner ses certitudes sauf s’il s’agit d’exactitudes. En mathématique on va parler d’exactitude. Et, cette question du totalitarisme et de l’ouverture me fait penser à un film « Le pont de la rivière Kwaï » ; cette lutte intérieure de ce colonel, au Japon, qui a tous les pouvoir, en particulier de refuser la parole de l’autre, et qui va entrer dans un processus d’effondrement, je dis effondrement car ça rappelle quand le doute s’installe, dans un processus religieux ,quand la croyance est trop forte et que le doute s’installe.
Michel : Je vais rebondir, ce qui se passe dans « Le pont de la rivière Kwaï », de nos jours, on appelle ça syndrome de Stockholm. Les gens qui sont pris en otage deviennent les complices de ceux qui les prennent en otage. Ils n’ont plus de doutes. Ce sont les gens qui les détiennent qui sont la vérité.
Jacques : Ce que je trouve d’important dans la discussion sur le doute, c’est qu’effectivement, le terme croyance. Quand on est jeune on croit ce que disent les parents, et puis il y a un moment où, par nos réflexions, on met de côté nos croyances. C’est là qu’on grandit. La liberté de conscience, il faudrait qu’un jour tout le monde y arrive. La liberté de conscience est la liberté de pouvoir douter aussi bien dans le cadre de l’action que dans celui de la réflexion philosophique.
Arielle : Comme il a été dit intervient la souffrance. Douter ne se fait pas sans souffrance.
Nathalie : Vous parlez de politique, vous n’empêcherez pas le doute. Dans tous les états totalitaires du monde, comme en Corée en ce moment, il y a des gens qui s’échappent pour dénoncer. Malgré la violence, la soumission imposée, vous n’empêcherez pas les gens de douter, de remettre en cause. Ce ne sont que quelques uns qui tiennent les autres avec une poigne de fer, mais ça ne veut pas dire que les gens ne doutent pas. Ils ne sont pas là tous à ramper. et dés qu’ils le pourront, ils feront sauter les verrous,. Et c’est la même chose dans la religion. Le doute c’est la force des nations.
Claudie : Ce qui m’interroge et m’étonne c’est la force de l’emprise de certains systèmes totalitaires, l’emprise que des idéologies peuvent avoir sur des gens sensés. Et, parfois le temps qu’il faut pour arriver à remettre en cause et se débarrasser de cette emprise. C’est une question intéressante car il y a toujours de nouveaux totalitarismes qui arrivent ici ou là. On sait bien que leur opposer la violence n’est pas une solution.
Françoise : On parle du doute dans le domaine politique, je voudrais également qu’on parle des qualités, des capacités de l’être humain. On a parlé de rationalité, tout à l’heure, mais on n’a pas encore parlé de l’intuition. Je trouve que c’est une très belle qualité pour sortir du doute.
Pour sortir des systèmes totalitaires ou des croyances qui sont très fortes, qui sont aussi imposées par la violence ce qui rend difficile d’en sortir, je voulais parler de la curiosité. Il me semble que plus on peut cultiver cette qualité là, plus on peut aller vers d’autres possibilité et vers d’autres actions également.
Steve : Je voudrais réagir par rapport à la curiosité et le doute. La curiosité amène un doute mais aussi, par rapport à la société amène au danger. Le fait de poser des questions qui dérangent amène souvent à être éjecté du système. Le système où je suis aujourd’hui, je suis artisan dans le bâtiment, j’aime mon métier, je le fais avec cœur, mais l’industrialisation du bâtiment m’amène à être éjecté de ce système. Ça ne me fait pas douter de la façon dont je fais les choses mais j’ai un doute sur le fait que les gens vont penser que c’est bien fait.
Anne : Par rapport à ce qu’on a dit tout à l’heure dans les totalitarismes où les gens qui se laissent entrainer par les idées de quelqu’un, je voulais dire qu’il y a peut-être une question de confort ou d’inconfort. Ça peut être confortable de ne pas douter. Par contre pour douter il faut accepter un certain malaise.
Jacques : Pour rebondir tout de suite au sujet du doute par rapport au totalitarisme ou croyance, effectivement, il y a des gens qui ne doutent pas, qui vont aller en Syrie parce qu’on leur a peut-être lavé le cerveau, ou parce qu’ils sont convaincus de leur croyance, et, s’ils en reviennent c’est peut-être que la réalité n’a pas correspondu à leurs attentes.
La deuxième chose que je voulais dire, est par rapport à la curiosité. La curiosité est inhérente à la réflexion. Si, au début, on a cru que la terre était plate, quelqu’un en a douté, y a réfléchi, a mis en œuvre sa curiosité et au final on s’est rendu compte que la terre était ronde.
Michel : La physique et l’astronomie, c’est vraiment la culture du doute. A savoir que, actuellement, l’astronome Briggs disait que chaque fois qu’on trouve une réponse à un doute on recrée une dizaine de doutes autour de ce qu’on a trouvé. Et ça fait 2000 ans qu’en astronomie que c’est comme ça c’est une chaine sans fin. Je doute, je trouve et à chaque fois la personne qui doute le plus et celle qui va faire les découvertes. Par exemple, aujourd’hui, la matière noire, on se doute qu’elle existe mais on est pas arrivé à le prouver et il y a, en ce moment, énormément de savants qui cherchent.
Anne : Merci de me permettre de placer une petite citation de Claude Bernard qui a crée la médecine expérimentale : « Le vrai savant doute de lui-même et de ses interprétations, mais il croit à la science. »
Pierre : Je reviens sur ce qu’à dit Françoise. J’ai eu envie de mettre en balance d’un côté le doute et de l’autre la certitude. Mais malheureusement, le premier mot que tu as employé est « l’intuition ». Je me dis : « Y-a-t-il autant d’intuition dans le doute que dans la vérité ? »
Steve : A mon avis, je ne pense pas que la conviction soit une chose certaine. En revanche, il se pourrait que la conviction dans laquelle je fais les choses permette qu’elles se réalisent complètement. J’ai un doute avant de faire les choses car, soit elles seront mal faites, soit elles seront bien faites. Une fois réalisées le doute n’est plus possible ; si je me suis trompé il faut tout casser et recommencer, mon choix n’était pas le bon.
Françoise : Dans le doute dont parle Steve, c’est fréquent dans la vie quand on a quelque chose à faire, il y a la peur de mal faire, de se tromper, cela arrive tous les jours. On est obligé de prendre ce risque là pour faire, c’est vrai dans tous nos actes simples comme faire la cuisine. On est obligé d’aller dans l’action, le résultat est « j’aurais pu mieux faire », ou on s’en veut beaucoup, ou bien « tant pis, je me suis trompée, mais au moins j’ai pris la décision ».
Steve : Si je dois en vouloir à quelqu’un c’est à moi.
Françoise : Ben oui, c’est la responsabilité.
Claudie : C’est ce qui me venait en en parlant, on en arrive à la question de responsabilité. C'est-à-dire, à un moment donné, pouvoir être en mesure de répondre de ce qu’on avait fait, donc d’avoir à assumer un choix malgré tous les doutes, les interrogations qui restent encore. Et ce n’est pas simple.
Anne : Il se trouve que, dans le dernier Philosophie Magazine, il y a une question qui a été posée à Charles Pépin : « Si le philosophe est celui qui doute, peut-il avoir des convictions ? » La réponse est un peu longue, mais je peut vous la lire. (acquiescements)
« Une conviction peut-être rigide, sourde à la complexité du monde autant qu’à l’objection d’autrui. Socrate n’avait pas de convictions mais ne savait qu’une chose : qu’il ne savait rien. Les sceptiques de l’Antiquité étaient peut-être les plus « philosophes » de tous puisqu’ils estimaient qu’à tout argument il était possible d’opposer un argument contraire – la sagesse était alors de suspendre son jugement, ce qui n’empêchait d’ailleurs nullement de contempler le mirage des apparences.
« Le contraire de la vérité, ce n’est pas le mensonge, c’est la conviction », conclura Nietzsche en franchissant un palier supplémentaire : devant le réel immense, ouvert à l’infini des interprétations, la conviction ne peut être qu’une crispation, un effort ridicule et vain pour figer le mouvement de la vie. Radicalisons encore le soupçon : être convaincu, n’est-ce pas toujours être en train de « se convaincre » ? Être convaincu, n’est-ce pas toujours « vouloir » l’être pour trouver enfin le repos, ne plus avoir à supporter l’épreuve du doute ? La conviction, surtout lorsqu’elle est la conviction du Bien, porte de plus en elle la possibilité de la violence : difficile, lorsque je suis convaincu, de supporter que l’autre persiste à ne pas entendre la vérité. Tous les crimes de masse ont été perpétrés au nom de convictions. Aucun véritable sceptique n’a jamais tué personne. Mais c’est aussi, bien sûr, au nom de convictions que les hommes déplacent les montagnes, entrent en résistance ou luttent contre le mal. Alors ? Y aurait-il des convictions meilleures que d’autres ? Faudrait-il attendre le jugement rétrospectif de l’Histoire pour décider de la valeur des convictions ? Une chose est sûre : confrontés à nos convictions, nous pouvons lutter contre la crispation en interrogeant leurs origines, sociales comme psychiques. Ma conviction est-elle vraiment la mienne ? N’est-elle pas d’abord celle de mon milieu social, de mon époque, de ceux qui m’ont appris à voir le monde ainsi ? Plus encore, qu’est-ce qui se joue dans ma conviction ?, ne suis-je pas, en son cœur, essentiellement attaché à une certaine image de moi-même ? Commençons donc par débattre avec nos convictions : c’est un bon point de départ pour débattre avec les autres. »
Pierre : A propos du mot conviction, je dirais que la conviction c’est une croyance à un moment donné, une formulation de ce qu’on est dans l’instant où on exprime cette conviction, c’est quelque chose qui peut aussi être positif. Ça donne de la simplicité, de la clarté à ce qu’on évoque. Évidemment, la certitude c’est la crispation. C’est-à dire vouloir, en avançant de marche en marche, que cette conviction reste toujours la même, et là, elle devient totalement totalitaire, en incapacité de produire de la rencontre.
Monsieur X: C’est ça la différence entre la foi et l’instrumentalisation de ce qui en est fait de cette croyance. Parce qu’on se révolte contre des systèmes, mais pas forcement contre la foi. Ce qui me venait quand vous disiez ça, c’est l’opposition au nazisme en Allemagne qui c’est fait crucifiée, c’était principalement l’église protestante allemande notamment dans la personne de Dietrich Bonhoeffer qui était pasteur et qui c’est opposé activement à l'idéologie nazie.
Steve : En termes de conviction et de totalitarisme, de système sociétaire, en fait, aujourd’hui, on est parti dans un système de distribution mais il est possible de revenir à un système qui ne passe pas par les grandes surfaces, et de revenir à des systèmes qui soient humainement possible, c'est-à-dire concrètement localisés.
Michel : Il y avait un homme politique de l’époque qui disait « répéter 50 fois un mensonge, et il deviendra, vis-à-vis du peuple, une vérité ». C’est Goebbels qui disait ça en 90 qu’il était impératif de laisser errer son doute pour éventuellement arriver à une vérité.
Sylvette : Le doute ne s’oppose pas à la vérité et, du moins, il peut aboutir à la vérité.
Anne : Francis Bacon au 17eme siècle a dit : «Le doute est l'école de la vérité. » Et Ernest Renan au 19ème, dit : « Le doute est un hommage que l'on rend à la vérité. »
Sylvette : Il me semble avoir compris que Descartes, lorsqu’il prône le doute philosophique, fait une distinction entre les situations de la vie quotidienne où il faut se contenter d’approximation et le doute philosophique qui a pour objet de parvenir à la vérité notamment dans les sciences. Il dit qu’il tient pour faux quelque chose qui n’est que vraisemblable. Dés qu’il y a un doute il faut tout reconsidérer excepté dans les situations où les résolutions desserviraient, seraient nuisibles, quand il faut prendre une décision rapidement.
Steve : Du moment où il faille prendre une décision rapidement, le doute est instantané, bref. Le doute permet de prendre une décision persuasive et intuitive.
Jimmy : Le doute et la curiosité tels que le conçoivent les scientifiques, au niveau éducatif ne peut-on pas les mettre à un niveau post-adolescent, appliquer cette démarche pour éviter le choc de l’adolescence ? Ça serait pas mal que dans l’esprit des hommes, même tout petit, il y ait cette loi qui vive.
Michel : Chez les adolescents on en vient à ce qu’on va appeler la connaissance. C'est-à-dire qu’en ce moment on est avec l’informatique sur du matériel où il n’y a pas de doute, c’est 1+0. Vous avez rentré une information à l’intérieur et votre système va raisonner suivant ce que vous lui avez donné. Vous lui donnez la vérité et lui ensuite va vous ressortir informatiquement la vérité qu’il aura moulinée. Ce qui se passe maintenant, c’est que, quand les gens veulent une information, on se précipite sur son clavier et on essaye de chercher la vérité qu’il y a sur son clavier. Et quand vous lisez les études de Willy B…, on vous dit tranquillement « Attention ! Ce qu’il y a dans Wikipédia, c’est quelque chose qui a été fait par des gens qui ont fait ça gratuitement ». Ce qui fait que toutes les dérives sectaires, dérives historiques sont à l’intérieur. Quand on va chercher une vérité sur Wikipédia il faut bien réfléchir à sur qui a fait la démonstration à l’intérieur.
Pierre : Je voudrais revenir sur deux citations que tu as données, qui mettent en rapport le doute et la vérité. Là il y a quelque chose qui me choque énormément. Parce qu’on croirait qu’il y a des sentiments qui viennent se glisser. En fait, celui qui doute serait celui qui est en quête de vérité. Je m’inscris complètement en faux, pour moi, quand il y a doute ce n’est pas qu’il n’y a pas recherche de quelque chose mais il y a renoncement, un renoncement de savoir ce qu’est vraiment la vérité. D’ailleurs, il suffit de se convaincre que devant tous réunis on vous mette un tableau, un paysage, pas une personne ne sera attirée par le même endroit. Il y a des tas d’exemples qui prouve que le réel, la recherche du réel n’est pas simple, parce qu’il est le produit d’une immensité de petites réalités, de subjectivités.
Anne : On parlait d’une démarche scientifique.
Jacques : Il y a renoncement quand on aboutit à un non choix.
Arielle : Est-ce que ce problème de la vérité intervient dans le doute ? Si je doute d’une action à faire, je ne me pose pas le problème de la vérité. Le « vrai » c’est autre chose.
Brouhaha…
Jacques : Il y a une notion d’interprétation. Je travaille sur des textes de lois qui ne sont pas simples du tout, et qui peuvent être interprétés de façons différentes. C’est la vie quotidienne, combien de procédures juridiques viennent de l’interprétation des textes. Le doute procède de la mauvaise qualité des textes de lois.
Anne : C’est vrai de l’Histoire qu’on apprenait à l’école, qui paraissait gravée dans le marbre, des recherches, aujourd’hui permettent d’éclairer les faits historiques d’une façon différente.
Brouhaha…
Françoise : Dans l’interprétation on revient complètement dans l’humain : aux sentiments, à ce que chaque humain va ressentir de différent et, évidemment ça va se trouver dans tout les domaines, dans l’histoire et même dans la géographie etc.. Absolument dans tous les domaines. Il y a les interprétations mais aussi le contexte : le contexte politique, le contexte de l’exemple ; il y a énormément de choses qui jouent. (Françoise cite le livre « La petite femelle ») Comme on l’avait conclu lors de notre débat sur la vérité, il ne peut pas y avoir une vérité absolue.
Madeleine. Juste pour dire que le doute est nécessaire, parce qu’il est ouverture à la curiosité, ouverture d’esprit. Mais là où le doute me semble plus pesant quand on trop de décisions dures à prendre.
Brouhaha :… dans le doute abstient toi…
Nadine : Le doute est très utile ne serait-ce que pour nous différentier de l’ordinateur.
Françoise : C’est vrai qu’il y a une notion qu’on n’a pas vraiment abordée c’est celle de l’identité. Ca fait partie de notre identité de, tout d’un coup, prendre une décision, de pouvoir renoncer. Je crois que quand même ça donne la confiance en soi.
Jacques : On construit son identité en doutant. Qui dit doute dit introspection ; qui dit introspection dit recherche de ses aptitudes, de son potentiel, et de ses motivations dans la vie.
Clôture du débat par Anne
Je vais clore la discussion avec deux textes. Le premier tiré (D’une conférence de Pierre-Sylvain Filliozat (indianiste, académie des belles lettres) au Collège de France) : « Le plaisir et la sagesse de douter »
« La certitude est une fermeture à l’évasion, un blocage de l’imagination. Le doute, l’erreur, le souvenir sont trois rouages de la création poétique. Les poètes jaïns se sont manifestement complus dans de tels événements de la connaissance :
1. « peut-être existe-t-on »
2.« peut-être n’existe-t-on pas »
3.« peut-être existe-t-on, peut-être n’existe-t-on pas »
4. « peut-être est-ce non-exprimable »
5.« peut-être existe-t-on et peut-être est-ce non-exprimable »
6.« peut-être n’existe-t-on pas et peut-être est-ce non-exprimable» ;
7.« peut-être existe-ton, peut-être n’existe-t-on pas et peut-être est-ce
non-exprimable».
Tout ceci est un entrainement à considérer la multiplicité des vues possibles sur les choses, une invitation à s’arrêter sur la relativité des connaissances. »
Et ce poème d’Albert Samain nous montre combien il est plus riche de sensations et de vécu d’être la proie au doute, plutôt que dans la protection sclérosante des certitudes :
Albert Samain (1858-1900) « Il est d'étranges soirs ... »
Il est d’étranges soirs où les fleurs ont une âme,
Où dans l’air énervé flotte du repentir,
Où sur la vague lente et lourde d’un soupir
Le cœur le plus secret aux lèvres vient mourir.
Il est d’étranges soirs où les fleurs ont une âme,
Et, ces soirs-là, je vais tendre comme une femme.
Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Où l’âme a des gaités d’eau vive dans les roches,
Où le cœur est un ciel de Pâques plein de cloches,
Où la chair est sans tache et l’esprit sans reproches.
Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Ces matins-là, je vais joyeux comme un enfant.
Il est de mornes jours, où las de se connaître
Le cœur, vieux de mille ans, s’assied sur son butin,
Où le plus cher passé semble un décor déteint,
Où s’agite un minable et vague cabotin.
Il est de mornes jours las du poids de connaître,
Et, ces jours-là, je vais courbé comme un ancêtre.
Il est des nuits de doute, où l’angoisse vous tord,
Où l’âme, au bout de la spirale descendue,
Pâle et sur l’infini terrible suspendue,
Sent le vent de l’abîme, et recule éperdue !
Il est des nuits de doute, où l’angoisse vous tord,
Et, ces nuits-là, je suis dans l’ombre comme un mort."
Que vous ayez été présent ou non à cette rencontre, si vous voulez apporter un complément à ce débat, n’hésitez pas à faire un commentaire en cliquant ci-dessous. Vous pouvez être avertis des commentaires faits en vous inscrivant à la Newsletter. Merci pour votre participation et rendez vous Dimanche 28 Février 2016 (même heure, même lieu)
La question choisie à mains levées, sera: « D’où vient la peur ? »
Le thème choisi pour Mars : « L’inégalité ». Préparez vos questions.
Mireille PL
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