• 5 à 7 Philo du dimanche 31 mai 2015 : 13 participants

    L’homme a-t-il besoin de spiritualité ?

    Las! Absorbées que nous étions par la difficulté du sujet et les difficultés mécaniques, nous ne nous sommes pas rendues compte que l'Enregistreur n'avait pas démarré. Vous n'aurez donc pas le compte-rendu habituel sur "L'homme a-t-il besoin de spiritualité". Merci de nous en excuser.

    Vous trouverez ci-dessous l’introduction faite par Anne, les citations lues ainsi qu’un résumé des pensées abordées.

    Introduction  par Anne

    Définitions

     L’homme : L’être humain en général, ou bien chacun de nous, (l’homme étant une femme comme les autres…)

     La spiritualité

    Grand Larousse Universel :

    1.     Littéraire. Qualité de ce qui est esprit, de ce qui est dégagé de toute matérialité : La spiritualité de l'âme, de la poésie.

    2.    Ce qui concerne la doctrine ou la vie centrée sur Dieu et les choses spirituelles.

     Spirituel : du bas latin spiritualis, et du latin classique spiritus : esprit.

    1.     Se dit de ce qui est de la nature de l’esprit, considéré comme une réalité distincte de la matière : reconnaître la nature spirituelle de l’âme.

    2.   Se dit de ce qui relève du domaine de la pensée, de l’esprit : la parenté spirituelle de deux écrivains.

    3.    Se dit de ce qui appartient à un domaine moral, distinct des réalités du monde sensible et de la vie pratique : un chef spirituel (ex le pape)

    4.    Quelqu’un qui a de l’esprit, de la finesse, de la vivacité dans son maniement des idées.

    Synonymes : Dévotion, foi, mysticisme, piété

    Dictionnaire Reverso :  

    1.     Caractère de ce qui est de l'ordre de l'esprit     

    2.    (philosophie)   ensemble des croyances et des pratiques qui s'attachent aux valeurs spirituelles  

    Synonymes : mysticisme, immatérialité, spiritualisme, valeurs religieuses, valeurs spirituelles  
    Antonymes :    animalité, matérialité, positivisme

    André Comte-Sponville, dans « L’esprit de l’athéisme », nous dit que la spiritualité, c’est la vie de l’esprit. Mais qu’est-ce que l’esprit ? Descartes le présente comme: « Une chose qui pense, c’est-à-dire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent. »

      Donc, qu’est-ce que l’esprit ?

    Définition philosophique :

    Principe de pensée. Psychisme. Substance immatérielle qui sert de support à la pensée. Puissance surnaturelle. Caractère, façon d’agir habituelle. Sens profond, intention d’une œuvre, par opposition à sa littéralité.

     Besoin : ancien bas franq bisunnia, soin.

    Grand Larousse Universel :

    1.     Exigence née d’un sentiment de manque

    2.    Sentiment de privation qui porte à désirer ce dont on croit manquer.

    3.    Chose considérée comme nécessaire à l’existence.

    Présentation

    Tout d’abord, en faisant mes recherches, j’ai trouvé beaucoup de correspondances entre le sujet que nous allons aborder aujourd’hui et le questionnement du mois dernier, entre vivre et exister, comme si c’était la spiritualité qui venait se glisser entre les deux pour faire la différence.

    L’homme a-t-il besoin de la spiritualité ?

    Quel sens chacun de nous donne-t-il à ce mot, spiritualité ? Est-ce une construction intellectuelle basée sur les textes religieux, ou une expérience sensible vécue (par les mystiques, par la méditation, entre autres).

    La spiritualité : immanence ou transcendance ? Une  « chose » ressentie de l’intérieur, ou quelque chose qui vient d’ailleurs?

    Si nous en avons besoin, c’est l’expression d’un manque. Pour éliminer la sensation de manque, il faudrait donc se mettre en recherche. Qu’est-ce qui fait prendre conscience de ce manque ?

    Synthèse du débat

    Spiritualité et religion :

    L’échange à débuté sur la notion de spiritualité. En occident elle se rattache conventionnellement à la religion et à la foi en Dieu. Spiritualité et religion sont intimement liées, mais ne sont pas synonymes. La notion de spiritualité désigne le caractère des choses de l’esprit et la vie selon l’esprit. La religion est « tout un ensemble organisé de croyances et de rites portant sur des choses sacrées, surnaturelles ou transcendantes (c’est le sens large du mot), et spécialement sur un ou plusieurs dieux (c’est le sens restreint), croyances et rites qui unissent en une même communauté morale ou spirituelle ceux qui s’y reconnaissent ou les pratiquent » (André Comte-Sponville dans L’esprit de l’Athéisme).

    Philippe nous fait remarquer que depuis toujours l’homme a été religieux et a pratiqué des rituels sacrés. L’Homo faber enterrait ses morts suivant des rituels bien définis.

    Ce besoin de rituel n’est pas du fait de l’individuel mais du communautaire. La religion est une pratique collective, ce sont des rituels qui organisent une société à partir de croyances communes. La spiritualité c’est individuel, c’est un chemin, c’est une quête personnelle. C’est aller vers soi comme l’a dit Pierre, ou encore faire un travail sur soi, sur ses émotions comme l’a exposé Dominique en prenant l’exemple de la colère. La qualité spirituelle ne se situe pas au constat d’une émotion et de sa maîtrise, mais dans le cheminement fait vers sa compréhension et son effacement.

    Il y a une spiritualité religieuse qui s’enracine à l’intérieur d’une religion comme une démarche de relation avec le Dieu en qui on croit en s’appuyant sur la prière et les textes sacrés. Mais il y a aussi une spiritualité laïque qui est plus une recherche de sagesse, de connaissance de soi, dans l’idée de développer certaines vertus, certaines qualités d’éthiques, d’arriver à une certaine sérénité intérieure.

    Spiritualité laïque :

    Peut-on parler d’une spiritualité laïque ou d’une spiritualité sans Dieu ?

     Le terme « laïc » ou « laïque » vient du latin laicus, dont le sens était « qui n’appartient pas au clergé ». Il a été inventé pour distinguer l’homme ou la femme qui n’était pas engagé(e) dans un ordre religieux ou une voie spirituelle spécifique, quelqu’un de libre de toute appartenance religieuse.

    Le terme de « spiritualité laïque est apparu dans les années 50. Arnaud Desjardin (1920-2011) a écrit sur l’hindouisme, le bouddhisme tibétain, le zen et le soufisme d’Afghanistan. Il établit « une spiritualité laïque proposant une synthèse des religions traditionnelles et des découvertes de la psychologie moderne »

    En réponse à la question sur la spiritualité laïque, André Comte-Sponville dans « L’esprit de l’athéisme » écrit:

    « Elle est laïque en ceci qu'elle n'a pas besoin d'Église. Un vrai mystique n'a pas besoin de dogmes, ni de foi, ni d'espérance. C'est d'ailleurs pour cela que les mystiques, dans toutes les religions, ont eu si souvent maille à partir avec leurs Églises respectives… La sagesse serait plutôt un certain type de silence. »

    « On a donc fini par croire que les mots “religion” et “spiritualité” étaient synonymes. Il n'en est rien. Il suffit pour s'en rendre compte de prendre un peu de recul, aussi bien dans le temps, du côté des sagesses antiques, que dans l'espace, du côté des sagesses orientales, spécialement bouddhistes ou taoïstes. On découvre vite qu'il existe d'immenses spiritualités sans croyance en un Dieu ou en une transcendance. C'est ce que j'appelle des spiritualités de l'immanence. »

    « La spiritualité comprise comme recherche d’un sens existentiel peut ne pas être religieuse mais il n’y a pas d’authentique religion sans spiritualité. Nous n’avons pas besoin de religion à la manière d’autrefois. Nous avons un besoin de spiritualité non utilitaire » (article du Figaro)

    Spiritualité et croyance

    Peut-on vivre sans croyance ? demande Claudie. Nos choix ne sont-ils pas guidés par ce en quoi on croit ? Il ne s’agit pas là que de croyance en Dieu mais de croyance en ce qui nous semble juste et sage.

    On peut ne pas croire en Dieu, mais comment vivre sans croire à l’amour qui nous emplit d’allégresse : l’amour d’une mère pour son enfant, l’amour de la vie. L’amour n’est-il pas l’essence de notre existence ?

    Comme nous l’avons vu lors d’un précédent débat, nous ne pouvons pas vivre sans croyances. Ici nous parlons de spiritualité et de croyances religieuses qui sont toutes les deux très subjectives. Cependant, on pourrait dire que la spiritualité  est la vision que chacun d’entre nous a du monde, de l’existence. Cet imaginaire est vivant, cette vision évolue en fonction de notre vécu. Les religions nous apportent des images toutes faites inscrites dans les livres, ce sont des images figées, sans vie. C’est ce qui faisait dire à Jacques Lacan : «  Les religieux sont capables de donner un sens à vraiment n’importe quoi. Ils sont formés à ça. »

    Ce dogmatisme figé de nos Eglises occidentales amène aujourd’hui beaucoup d’entre nous à se tourner vers la pensée orientale.

     Au début du 20ème siècle, le philosophe Krisnamurti œuvra à  lutter contre les dogmes religieux qui, pour lui, n’appelaient qu’à « la foi du charbonnier » écartant toutes visions spirituelles individuelles. Dans son ouvrage « La première et la dernière liberté » il écrivait :

     « Vous croyez de différentes façons, mais vos croyances n’ont absolument aucune réalité. La réalité, c’est ce que vous êtes, ce que vous pensez ; et votre croyance en Dieu n’est qu’une évasion de votre vie monotone, stupide et cruelle. En outre, les croyances, invariablement, divisent les hommes. Il y a l’Hindou, le Bouddhiste, le Chrétien, le communiste, le socialiste, le capitaliste, etc. Les croyances, les idées divisent ; elles n’unissent jamais les hommes…

    Qu’est-ce que la réalité, qu’est-ce que Dieu ? Dieu n’est pas un mot, le mot n’est pas la chose. Pour connaître l’immesurable, l’intemporel, l’esprit doit être libéré du temps, ce qui veut dire qu’il doit être débarrassé de toute pensée, de toutes les idées sur Dieu ...Ce n’est que lorsque l’esprit est complètement silencieux, non seulement aux niveaux périphériques et superficiels mais jusqu’aux couches les plus profondes, que l’inconnu peut entrer en existence. »

    Opinion, conviction (foi, croyance) et savoir

    Ces mots souvent employés les uns pour les autres expriment des notions bien différentes.

    Kant la « Critique de la raison pure. » distingue trois degrés de créance ou d’assentiment :

    « L’opinion : qui a conscience d’être insuffisante aussi bien subjectivement qu’objectivement.

    La foi, la croyance, la conviction : qui n’est suffisante que subjectivement, non objectivement. 

    Le savoir : qui est suffisant aussi bien subjectivement qu’objectivement »

    La spiritualité et la science

    Toutes les religions issues des textes de la Bible dirigent notre regard sur le mystère de la mort. Les enseignements qui en découlent ont pour but d’amener l’homme à agir sur terre dans l’espoir de trouver, après sa mort, une place auprès de son Dieu. Dans notre culture judéo chrétienne le mystère de la mort reste la grande question qui fait peur et angoisse. Le mystère de la vie n’est-il pas aussi important que celui de la mort ? Ne sont-ils pas intimement liés ?

    Longtemps, la science a été opposée à la religion. Surtout en France, où l'héritage de Descartes est solidement enraciné dans les esprits. Aujourd'hui l'astrophysique devient une porte d'entrée pour réfléchir à notre humanité, à notre place dans l'univers.   Dernièrement, sur France Culture, Hubert Reeves disait : « Je me dis souvent qu’il y a deux grandes questions qui se posent et auxquelles il faut renoncer  si on veut commencer à faire de la science. La première est la question de Leibniz «  Pourquoi il y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » La deuxième question c’est : pourquoi cette matière est régie par des lois ? Ce sont là pour moi les deux piliers de notre ignorance. »

    Cela rejoint la position de Protagoras : (penseur présocratique et professeur du Vème  siècle av. J.-C.)

    « Sur les dieux, je ne peux rien dire, ni qu’ils soient, ni qu’ils ne soient pas, ni ce qu’ils sont. Trop de choses empêchent de le savoir : d’abord l’obscurité de la question, ensuite la brièveté de la vie humaine. »

    Certes la théorie du big bang nous donne une image de plus en plus précise ce qui pourrait être la naissance de l’univers et de son évolution, mais ne nous dit pas qui en est l’architecte.

    L’astrophysicien vietnamien Trinh Xuan Thuan pense que science et spiritualité sont complémentaires. Il croit que l’homme a un rôle à jouer en comprenant l’univers et en lui donnant un sens. Il dit se sentir « dans la lignée de Pascal, qui était un grand scientifique et un grand croyant… Je parie sur un seul Univers dont le principe créateur ne s’incarne pas, selon moi, dans l’image d’un Dieu barbu qui régit tout mais dans la manifestation des lois de la nature. »

    Comme le dit Comte-Sponville, «  La première expérience scientifique a été d’observer le ciel. L’espèce humaine est peut-être la sele qui se couche sur le dos, ce qui nous permet d’appréhender ce mystère qui nous contient et nous habite : c’est le début de la spiritualité » ( «  L’esprit de l’athéisme, introduction à une spiritualité sans Dieu »)

    Harmonie avec la nature

    Un sentiment de paix intérieure lors de la contemplation de l’océan… Et si c’était ça aussi, la spiritualité ? interroge Pierre. L’homme est bien orgueilleux de vouloir s’élever à tout prix, restons humbles.  

    De la contemplation des mystères de la nature, nait, en nous, une grande sérénité, un bien être du corps et de l’esprit. Ce qui peut sans doute différencier l’approche poétique de la contemplation de l’approche religieuse en général, c’est que la religion répond au mystère par la croyance, alors que contemplation révèle le mystère et la question ; question qui n’aura jamais de réponse absolue, mais qui donne vie à l’inspiration…St Bernard disait «  Crois en mon expérience, tu trouveras quelques chose de plus dans les bois que dans les livres. Les arbres et les rochers t’enseigneront ce que tu ne peux apprendre d’aucun maître ».

    La contemplation est une aventure intime, imprévisible qui nous sort du quotidien et nous éveille à l’univers et à l’essentiel en nous. La recherche d’harmonie avec la nature est-elle quête spirituelle ?

    La spiritualité et psychologie

    Trouver l’essentiel en nous, c’est là l’invitation que nous fait Annick Souzenelle  dans son dernier livre « Va vers toi ». C’est en se confrontant à ce qui semble être nos monstres intérieurs que l’on peut retrouver les dieux en nous. Est-ce là l’objet de la psychanalyse, dite aussi thérapie analytique, qui vise à une immersion dans la profondeur du psychisme, notamment l'inconscient ? La motivation est-elle d’ordre spirituel ?

    Pour Freud, « Toute aspiration religieuse est un fantasme, une création de l’esprit. La croyance en l’existence de Dieu est une sublimation, une activité psychique qui tire sa force de la pulsion sexuelle pour se déplacer vers l’élévation esthétique ou intellectuelle ». Alors que pour Jung « L’aspiration spirituelle est une fonction naturelle dynamisée en chacun de nous par l’inconscient collectif, la mémoire psychique de l’humanité qui s’exprime à travers les archétypes et les mythes. Il y a en chacun de nous une nécessité de s’élever, de vivre des expériences transcendantes »… « La spiritualité est un besoin de notre inconscient »

    Les différents chemins de la démarche spirituelle

    A ce niveau de nos échanges plusieurs voies vers la spiritualité se dessinent, qui ne s’excluent pas les unes les autres : 

    La spiritualité de l'amour dans l'union à un dieu personnel, ce sont les mystiques religieuses (remarquons à ce sujet que le christianisme n'en a pas l'exclusivité et qu'il existe en Inde un fort courant de mystique dévotionnelle)

    La spiritualité de la connaissance où le sujet connaissant dépasse la dualité sujet-objet ; c’est une démarche plus intellectuelle bien que n’évinçant pas l’expérience ; elle est plus scientifique et philosophique.  

    La spiritualité « poétique » où le sujet qui contemple s'absorbe dans la nature qu'il contemple. 

    La spiritualité et la beauté

    Nature, harmonie, poésie, beauté… ? Anne questionne sur le rôle que peut jouer la beauté. Le sentiment esthétique est-il un élément de la spiritualité ? Charles Pépin dans « Quand la beauté nous sauve » tente d’y répondre :

    De l’émotion esthétique : « Cette émotion ne durera pas, mais elle ressemble à l’éternité. »

    « Nous avons besoin de la beauté pour nous souvenir de ce que nous pouvons être. »

    … « il m’avait semblé qu’il y avait dans cette beauté quelque chose qui, sans être nécessairement plus fort que la mort, permettait de lui tenir tête un petit peu. »

    « La beauté ? Il faudrait plutôt dire : l’émotion esthétique. Ce plaisir étrange, ni simplement sensuel, ni vraiment intellectuel non plus, cette satisfaction gratuite, désintéressée, cette évidence qui soudain vous apaise lorsque vous dites : « c’est beau. ». N’est-ce pas une définition de la spiritualité ? »

    Le besoin de spiritualité

    A travers nos réflexions, on voit se dessiner ce besoin d’autre chose que notre nécessaire vital, matériel. Comme notre corps se nourrit pour grandir et vivre, notre esprit a besoin d’être alimenté,  pour se développer, permettre à notre conscience de s’élever.

    Ce besoin de spiritualité est plus ou moins grand suivant les personnes, et les motivations sont   différentes, la quête spirituelle répond à plusieurs besoins de l’homme :

    Le besoin social, besoin de se sentir relié au monde et aux autres pas seulement par des nécessités pratiques ou des liens formels. C’est les cas dans les églises, les fratries et autres groupes de recherche spirituelle.

    Le besoin intellectuel, celui de comprendre et de savoir. Il n’y a pas de croyances mais la recherche de la vérité.

    Le besoin de recherche d’une vie intérieure, le « connais-toi toi-même » afin de mieux vivre son existence.

    Le besoin existentiel, besoin non utilitaire, qui est le besoin de trouver un sens à la vie.

    La spiritualité comprise comme recherche d’un sens existentiel peut ne pas être religieuse mais il n’y a pas d’authentique religion sans spiritualité.

    Le mystère de la mort

    Chercher à  maintenir vivant le sentiment d'une essence spirituelle propre à l'homme, est certainement une des réponses à l'un de ses besoins les plus primitifs pour faire face à l'angoisse du présent, du futur et d'une après vie. La mort, un mot qui nous terrifie, une angoisse de l’inconnu, mais une réalité à laquelle nous devons tous faire face.

    Nous pourrions avoir une rencontre réservée à ce mystère de la mort. Nous en parlons aujourd’hui car c’est la principale cause de ce besoin de spiritualité dont on parle maintenant..

    La grande question est « Il y a-t-il quelque chose après la mort ? ».

    Selon une équipe de chercheurs, il existerait une forme de "vie après la mort". "Les preuves suggèrent que, dans les premières minutes après la mort, la conscience n'est pas annihilée", explique le docteur Sam Parnia, principal auteur de l'étude. (Article de La Dépêche du 9/10/2014)

    Bernard d’Espagnat, physicien dans Le monde des religions n° 51.Dossier « cerveau et spiritualité » écrit : « La physique quantique nous enseigne que cette réalité dans laquelle nous vivons, située dans le temps, l’espace, l’énergie et la matière, n’est pas la réalité ultime, et que la réalité ultime, si elle existe, ne peut être située dans le monde des phénomènes. Cela rend à priori non absurde l’idée d’une possible survie après la mort. »

    Qui a raison ? A défaut de certitude chacun d’imaginer la réponse. Mais, n’est-il pas plus essentiel de se poser la question du rôle que joue, dans nos vies, la conscience que nous avons de notre finitude ?

    Teilhard de Chardin cité par François Cheng dans « Cinq méditations sur la mort » nous livre des pistes de réflexions. Il écrit : « Incorporer la mort dans notre vision, c’est recevoir la vie comme une générosité sans prix […] la mort est chargée de pratiquer, jusqu’au fond de nous-mêmes, l’ouverture désirée  […]  fermer les yeux devant la mort en se barricadant contre elle, c’est au contraire rabaisser la vie à une chiche épargne dont on compterait les dépenses sou par sou, au jour le jour. »

    Du temps pour la spiritualité

    Même si le bouddhisme nous invite à reconnaître qu’il y a du sacré dans le moindre de nos gestes routiniers, pour la plupart d’entre nous, un moment de spiritualité est ce qui nous sort, par le haut, de notre quotidienneté. Encore faut-il en prendre le temps.

    Pour certains il a été difficile de prendre ce temps durant leur vie active où ils étaient plus dans le faire que dans l’être. D’autres évoquent le temps de l’adolescence où ils se sont posé ces questions sur les mystères de la vie, la mort, de l’univers, le sens de leur vie. N’est-ce pas là la raison d’être de la philosophie en Terminale ? Ces questions ont accompagnés certains tout au long de leur existence. D’autres, encore, profitent de leur retraite, forts de leurs expériences, pour réfléchir sur le sens de leur vie et pouvoir partir sans regrets.

    Clôture du débat par Anne 

    Je vais parler de ma propre réflexion, nourrie par un vécu récent, et revenir sur la mort dont il a été question à plusieurs reprises.

    La spiritualité ne nait-elle pas de ce questionnement suprême qui nous vient devant la mort ? Et pas seulement la peur de notre propre mort, dont on ne peut rien savoir, mais  cette sidération, cet effroi quand survient la mort d’un proche, quand un corps soudain n’est plus vivant, un corps vidé de son essence, qui devient chose. Nous sommes devant l’énigme de la vie. C’est incompréhensible. Et on cherche à comprendre.

    La spiritualité serait-elle ce qui nous réconforte ? Aurait-elle un rapport avec la mort ? Aurait-elle un rapport avec la beauté ? Aurait-elle un rapport avec la nature ? Serait-elle ce qui fait venir les larmes aux yeux, larmes d’émotion, de joie, de douleur ?

     

    Victor Hugo, cité par Charles Pépin :

    « La mort et la beauté sont deux choses profondes

    Qui contiennent tant d’ombres et d’azur qu’on dirait

    Deux sœurs également terribles et fécondes

    Ayant la même énigme et le même secret. »

     

    Que vous ayez été présent ou non à cette rencontre, si vous voulez apporter un complément à ce débat, n’hésitez pas à faire un commentaire en cliquant ci-dessous. Merci pour votre participation et rendez vous Dimanche 27 septembre 2015 (même heure, même lieu), le sujet choisi à mains levées, sera: « Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir? »

    Mireille PL


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  • Commentaires

    1
    Samedi 6 Juin 2015 à 08:43

    Anne.

    En écho à ce qu’a dit Pierre, en écho aussi à la citation d’Annick de Souzenelle, et à ce qu’évoque Krisnamurti, il me semble que, devant les mystères et les beautés de la nature, des œuvres d’art, la pratique méditative si prisée aujourd’hui qui ont été évoqués, les ayant ressentis et y ayant réfléchi, que c’est à peu près la même chose : ce sont des méditations.

    Mais il y a un au-delà de la méditation, nommé en sanscrit Samâdhi. C’est un état particulier de conscience, d’état d’être, de complète intériorité ET de complet accueil, , un état profond d’empathie : quel mot autre que SPIRITUALITE pour le traduire ?

    C’est à la fois du vécu dans sa chair – immanence, et quelque chose d’indicible qui relie à l’infini – transcendance.Une spiritualité laïque? En tout cas il n'y est nul besoin de croyance.

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    2
    Mireille PL
    Samedi 6 Juin 2015 à 20:22

     Ce qu’il y a au-delà de la méditation dans nos traditions judéo-chrétiennes est nommé « L’Illumination » ou encore « l’éveil spirituel ». C’est un chemin progressif qui va de la méditation à la contemplation jusqu’à cet éveil spirituel qui exclue toutes croyances mentales et ouvre à un Savoir indicible.

    Saint Jean de la Croix qui nomme cet éveil à l’esprit « connaissance amoureuse » en parle ainsi « Cependant, il est vrai que, au début, lorsque commence cet état, la connaissance amoureuse ne se remarque presque pas. Cela pour deux raisons : l’une parce que, au début, la connaissance amoureuse a coutume d’être très fine, très délicate et presque imperceptible ; l’autre parce que l’âme étant habituée à l’exercice de la méditation, qui relève totalement du domaine des sens, elle ne remarque pas et ne sent presque pas cette nouveauté imperceptible qui relève du domaine de l’esprit. »

    Comme l’écrit Eckhar Tolle  «Atteindre l’illumination signifie s’élever au-delà de la pensée.»

    Aujourd’hui, chez nous, la mode est à la méditation et autres pratiques qui nous viennent de l’Orient, qui ne sont pas dépourvues d’intérêts si on les approfondit. Mais ce  chemin vers l’au-delà de la pensée se trouve depuis la nuit des temps dans toutes les traditions. La démarche diffère d’une culture à l’autre et suivant la personnalité de chacun d’entre nous.

    Certains comme Luc Ferry ou René Barbier suivent le chemin de la philosophie, d'autres comme Robert Reeves ou Albert Jacquard celui de la science, ou encore, celui de l'art comme Zao Wou-Ki et autres philosophes, scientifiques ou artistes de toutes les époques

    J’aime bien la démarche de Pierre qui me rappelle ma rencontre avec les amérindiens du Minnesota pour qui la contemplation de la nature, voire la dévotion, est le chemin spirituel qui trace leur vie.